COZZIKA Question d’Abyssinie au peuple de la Grande-Bretagne.

↗ 1853 ↘ ?

UGS : 0185399-10 Catégories : ,

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En regard de la gravure représentant le negusä nägäst Théodore II, Scarlato M. Mavrogordato nous apprend qu’il est « lié par des relations commerciales avec la maison bien connue de Jean Cozzika de Cassala, maison établie depuis 20 ans dans les contrées de la Nubie, limitrophes de l’Abyssinie, avec laquelle elle entretient des relations, et sachant que M. Cozzika est à même de donner toutes les informations désirables sur ces contrées » il a eu l’idée de le prier d’en faire une description. L’Angleterre est sur le point d’entreprendre l’expédition contre l’Abyssinie et l’auteur du préambule, sujet de Sa Majesté la Reine, a cru de son devoir de faire traduire du grec et imprimer ces informations en langue française et de les adresser à Son Excellence Henry G. Elliot, Ambassadeur de S. M. Britannique auprès de S. M. le Sultan.

Le texte est rédigé à Constantinople au mois de septembre 1867 par le grec Jean Cozzika. Avec son neveu, Panayotti Cozzika, il gère la maison éponyme installée à Cassala (Kassala) et à Cadaref (Al Qadarif). Il fait mention d’un voyage en Abyssinie en 1853 et déclare être le premier Européen à avoir emprunté la route par Tacoussa (le Takusa de Bernhard Lindahl[1] ?). Plus bas dans le texte, il dit avoir fait le trajet de Gondar à Tacoussa en 1851. C’est en résumé ce que la rédaction de Jean Cozzika nous apprend sur sa personne.

A peine l’incipit expédié, il s’en prend au missionnaire Johann Martin Flad – qu’il nomme Flat.

Flad, toute sa famille, ses coreligionnaires, le consul britannique Charles Duncan Cameron et l’émissaire envoyé par le gouvernement britannique, Hormuzd Rassam, ainsi que d’autres Européens, sont retenus en otage par le negusä nägäst Théodore II[2]. Le 21 avril 1866, l’empereur envoie Flad en Angleterre demander des artisans et des armes[3]. Flad passe par Cassala, Massaoua, Aden, l’Egypte, Paris et arrive à Londres le 8 juillet 1866. Une année plus tard, il fait le chemin inverse, quittant Massaoua le 6 mars 1867[4].

Jean Cozzika cite une lettre de son neveu, Panayotti Cozzika, qui reproche au missionnaire, d’être descendu, à son retour d’Angleterre, chez « l’évêque Malem Théodoros Nahlé, chargé des affaires des Consulats d’Angleterre et de France à Moussava, ennemi acharné de M. Jean Stella… ». Il affirme que Plowden – orthographié Ploden –, Charles Didier, Hamilton, Courval, Munzinger et Schweinfurth se sont aussi plaints des agissements de ce fonctionnaire. A ses yeux, la mission de Flad n’a aucune chance de réussite, pas plus que celle du patriarche arménien qui, mi-juin, descend chez lui. Seule une mission d’un délégué du « Patriarche Copte » et de celle du « Patriarche de l’Eglise orthodoxe grecque » auraient quelque chance de réussite.

Le texte fait ensuite un retour en arrière. C’est l’apologie de Jean Cozzika et de la maison éponyme en rappelant, dans un premier temps, les événements qui ont suivi l’abdication du vice-roi Saïd Pacha en 1857 puis, dans un second temps, en revendiquant la réparation des pertes et dommages, à Alexandrie, à Athènes et à Constantinople. La Sublime Porte se voit contrainte de nommer deux commissions spéciales successives qui concluent au bien-fondé de la plainte, arguant toutefois que l’indemnité a été comprise dans celle qui a été payée aux ambassades de France et d’Angleterre. Ces dernières démentent formellement que la maison Cozzika soit de quelque façon concernée par l’indemnité reçue. En 1867, l’affaire n’est toujours pas résolue malgré l’intervention du gouvernement hellénique auprès des « trois grandes Puissances Protectrices de la Grèce ». Les « scènes tragiques » qui ont lieu à « Taka de Soudan » de juin à septembre 1865 sont, toujours de l’avis de l’auteur, perpétrées par les mêmes fonctionnaires publics du gouvernement égyptien qu’en 1857. A titre de preuve, il reproduit le rapport de « M. G. Lejean, consul de France à Moussava ».

Tout ce développement permet à l’auteur de justifier son inaction dans l’affaire des otages et de demander que justice soit faite avant de s’investir. Il est convaincu que l’expédition britannique pour libérer les prisonniers du negusä nägäst n’est que le résultat de l’incurie des « gouvernements susmentionnés ».

La suite se borne à décrire l’Abyssinie puis à proposer à l’armée britannique le meilleur itinéraire à suivre. L’inaccessibilité des voies et passages du trajet direct entre Massaoua et Magdala est en faveur de l’itinéraire par Cassala, que le débarquement se fasse à Massaoua ou à Souakim. Sans surprise, la maison Cozzika est à l’entière disposition de l’armée de Sa Majesté la Reine Victoria. L’entrée en Abyssinie se fait par Galabat et permet d’atteindre Gondar. Le texte se termine par un colloque virtuel entre les Anglais et Théodore II par lequel Jean Cozzika exprime son opinion sur la campagne ouverte contre l’Abyssinie : « mieux vaut convertir la campagne projetée en une expédition pacifique ».

Biblethiophile, 30.07.2023

[1] Lindahl (Bernhard), Local history in Ethiopia from external sources, 2005

[2] https://en.wikipedia.org/wiki/British_expedition_to_Abyssinia, consultée le 25.07.2023.

[3] FLAD (Johann Martin), 60 Jahre in der Mission unter den Falaschas in Abessinien, 1922, p. 164.

[4] Ibidem, p. 198.