MAKONNEN Lettre autographe

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Description

Lettre autographe du Ras Makonnen au résident français d’Obock, 1893, avec son sceau.

Feuillet double portant sur le premier le texte en amharique avec le sceau du Ras (2e type) et sur le second une traduction en français (approximatif), rédigée par l’interprète du Ras. Pétridès publie le sceau à l’envers[1] et nous apprend qu’il a été utilisé depuis 1897.

La traduction française se présente comme suit :

« que le salut soit vers vous – La lettre que vous m’avez […] du 10, je l’ai reçue –

Les lunettes que M. […] m’a envoyées sont arrivées en bon état. qu’il en soit rendu grâce à Dieu.

J’étais parti pour combattre les Dankalis qui dévastaient les chemins – Après les avoir battus, je suis revenu en santé – j’en rends grâce à Dieu – tous les hommes méchants, je les ai exterminés- Ces gens là sont ceux qui avaient dévalisé la caravane de M. Savourey. Ce sont eux qui avaient tué M. Barral et sa femme et plusieurs abyssins – Aujourd’hui, j’ai vengé leur sang – écrit à Kombolcha 9 septembre. […]

On pourrait traduire la lettre comme suit :

« Envoyé par le Ras Makonnen, gouverneur d’Harar.

A mon ami Monsieur De Leschaux qui est employé à Obock.

Que la Paix soit sur vous.

Votre lettre du 10 Meskerem (ca. 21 septembre) est arrivée. Les lunettes, envoyées par Monsieur Tian, me sont bien parvenues. Que Dieu vous bénisse.

J’étais parti combattre les Dankalis qui dévastaient les chemins. Je les ai attaqués et vaincus. Je suis revenu en santé. Ces gens d’Adal ont dévalisé la caravane de M. Savourey et tué M. Barral et sa femme. Aujourd’hui, j’ai vengé leur sang.

Parce que vous avez envoyé le papier à Monsieur Lagarde, Dieu vous bénisse.

Ecrit à Kombolcha le 9 Maskerem 1886 (ca. 20 septembre 1893).

Sceaux du Ras Makonnen»

Investigation :

M. de Leschaux, (Pierre-Louis-Jules-Bernard), administrateur colonial de 2ème classe, h. c., est nommé, à compter du 1er août 1892, chef du secrétariat du gouvernement d’Obock[2]. Mais où est Lagarde ?

Durant l’été 1892, Lagarde est en congé en France et rencontre les représentants de tous les ministères intéressés par les questions de la mer Rouge et de l’Ethiopie. Il en résulte qu’il se voit chargé d’une mission spéciale qui consiste principalement à développer le port de Djibouti[3]. Entre octobre et décembre, il participe à la mission auprès de Ménélik conduite par Chefneux et dont le prétexte est la remise de la Légion d’Honneur au Négus. Lagarde et Makonnen se rencontrent pour la première fois la fin du mois d’avril 1893[4] sur le sol français, dans un Djibouti à peine sorti de terre. L’un des nombreux sujets qu’ils traitent est la sécurité de la route d’Harar à Djibouti. Makonnen repart avec la promesse d’importantes livraison d’armes et de munitions. Lagarde part en congé en France et constate, à son retour, que ces efforts sont presque anéantis par l’influence des agents anglais, allemands et italiens sur Ménélik. Les Italiens réclament le remboursement complet de la dette contractée par le Ras Makonnen en Italie en 1889. Lagarde n’hésite pas à sacrifier un an de développement de Djibouti afin de conserver son influence sur le Harar.

Pour rappel, Léon Barral est assassiné en 1886. Savouré, témoin oculaire, raconte l’épisode à Borelli.

Biblethiophile, 18.07.2021

[1] PETRIDES (S. Pierre), Le Héros d’Adoua. Ras Makonnen. Prince d’Ethiopie, Plon, 1963, p. 82.

[2] La Politique coloniale, 3 août 1892, p. 3.

[3] PRIJAC (Lukian), Lagarde l’Ethiopien, l’Harmattan, 2012, p. 141.

[4] Ibidem, p. 146