MICHEL Mission de Bonchamps.

↗ 1897 ↘ 1898

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L’occupation du Haut-Nil est le but du gouvernement français depuis 1893 et c’est pour atteindre ce but que la mission Clochette et la mission Bonvalot-de Bonchamps sont décidées à la fin de l’année 1896, année de la victoire de Ménélik sur l’armée italienne. Tout au long du récit de Charles Michel, le lecteur prend conscience qu’une rivalité s’établit entre les missions et que les soutiens des deux missions sont différents, pour ne pas dire concurrents.

Il faut garder à l’esprit qu’à la même période, Lagarde est en mission à Addis-Abéba pour féliciter Ménélik. Dans les faits, il se rend auprès de l’empereur pour renouveler le traité de 1848 et la permission de libre passage. Vignéras décrit superficiellement l’entreprise. Le prince Henri d’Orléans suit la même route sous couvert de « contribuer à l’expansion scientifique, morale, commerciale de l’influence française en Abyssinie ». Même si l’angle de vue se limite qu’aux missions dirigées par des Français, on se doit de mentionner celle du compte Leontieff.

Bonvalot est le chef de la mission qui nous occupe. Le budget alloué par le ministre des Colonies est dix fois plus faible qu’une mission semblable. Lagarde et Clochette sont déjà en route lorsque le groupe tourne le dos à Djibouti. A Gueldessa, « Bonvalot mange des gigots de mouton » et « Bonchamps prend fusil et cartouche pour des massacres d’innocent ». Si l’on en croit l’auteur, il est le seul avec Bartholin à se rendre utiles. Le ton est donné. A Harar, ils sont reçus par le Ras Makonnen mais c’est pour se rendre compte qu’ils sont contraints de patienter l’autorisation de se rendre à Addis-Abéba. Le 26 mars 1897, le ministre plénipotentiaire de France, Léonce Lagarde, autorise Bonvalot à emprunter la route par le Tchercher pour se rendre à la capitale avec une mince escorte. Le reste de la caravane franchit les remparts d’Harar le 30 mars pour emprunter la route du désert danakil. Sur la route, Michel rencontre Stévenin qui l’informe avoir vu Bonvalot et le prince d’Orléans à la Nouvelle Fleur ; que Lagarde était partit quatre jours avant leur arrivée et que la caravane du capitaine Clochette avait quitté trois jours après Lagarde. On peut aisément s’imaginer ce que Bonvalot a dû penser lorsque qu’il croise Lagarde le 7 avril 1897. Clochette remet une lettre à Mondon à l’attention de Bonvalot qui dit : « Je ne puis ni vous attendre ni vous voir, faites-vous congédier … ».

On notera que Michel a emmené un cinématographe confié par les frères Lumière. Il prend de nombreux clichés, il rencontre la communauté européenne habituelle. Soudainement, Bonvalot décide de rentrer en France et remet la direction de la mission à Bonchamps, Michel devenant son second. L’auteur et son compagnon, l’artiste peintre suisse Maurice Potter, sont en définitive les deux piliers de l’expédition. Ils feront preuve d’un dévouement sans faille en relevant des défis incommensurables. Le premier étant de celui d’accepter de rejoindre le Nil Blanc avec des chameaux !

Clochette, secondé par Faivre et Véron est à Goré, malade. L’équipée désormais appelée mission Bonchamps le rejoint le 29 juin 1897. Une région marécageuse redoutée par les Ethiopiens, une caravane composée de vaisseaux de désert, des moyens limités, il n’en faut pas beaucoup plus pour que le personnel engagé ne se désiste. Les autorités locales sont de mauvaises volontés, prouvant une dissension en haut lieu. Comble de malheur, le capitaine Clochette meurt le 24 août 1897. Michel et Bartholin sont renvoyés à Addis-Abéba pour renouveler l’autorisation de l’empereur. Le Dedjaj Tessema, maître à Goré a été appelé par son souverain. Le 3 octobre, Lagarde arrive à Addis-Abéba pour la cause de l’insuccès de la mission sur le dos de Bonvalot. Il prend la haute direction de la mission de Bonchamps et confie le commandement de la mission Clochette à de Bonchamps. L’objectif reste inchangé : rejoindre la rive droite sur Nil blanc et faire la jonction avec la mission Marchand. A la fin du mois d’octobre, les deux envoyés sont de retour à Goré et la caravane s’ébranle de Bouré le 29 novembre. Malgré une volonté à toute épreuve, sur la rive gauche du Sobat, à 150 km de Fachoda, ils sont contraints de rebrousser chemin. Partis 150, ils ramènent 80 malades. Sur les 140 animaux de bât, il n’en reste que 27.

A Goré, la désillusion est complète en constatant que Lagarde n’a pas donné de nouvelle et que le bateau qui leur est destiné est entreposé à Djibouti. A partir du 22 février, le délitement de la mission va se poursuivre. Bonchamps est malade ; Potter et Faivre accompagnent le Dedjaj Tessema dans son expédition vers le Nil Blanc; Véron reprend le chemin d’Addis-Abéba ; Michel et Bartholin accompagnent de Bonchamps à la capitale. Sur leur route, ils rencontrent le professeur Wurtz, de la Faculté de Paris et son préparateur Fensky ; à Addis-Abéba, Mocquet, Laguibourgère, le capitaine Keroman, Chefneux, Delhorbe, Trouillet, etc. La mission est dissoute, son chef rapatrié.

Michel n’a rien perdu de sa persévérance et tente d’organiser une caravane pour se rendre au rendez-vous avec la mission Marchand. Lagarde ne désapprouve pas officiellement mais le peu de soutient qui lui propose est synonyme de désaveux.  Avec son style, l’auteur conclut : « Le 23 mai, il [Lagarde] repart accompagné de trois choums abyssins qui vont prendre les eaux de Vichy et suivi d’un boy de confiance, qui porte dans un grand mouchoir 104 brevets en blanc de l’Etoile d’Ethiopie ». Suivante le conseil de Ilg, Michel et Bartholin décident de rentrer en France pour revenir dans trois mois avec une expéditions bien montée et un bateau. Ils sont à Djibouti le 3 juillet où ils découvrent le fameux chaland envoyé par le ministère et attendu en vain. Il croupit depuis 18 mois dans la cour de la maison de l’ancienne Compagnie franco-africaine, à côté d’une machine à glace, stockée depuis 2 ans et des pompes destinées à Harrar et oubliées depuis 7 ans. Le 3 septembre 1898, Khartoum est prise par les Anglais et quelques jours plus tard, Marchand est à Fachoda.

A partir de ce point du récit, l’auteur propose une comparaison avec les dates en regards, les positions respectives des trois acteurs : l’armée anglo-égyptienne de lord Kitchener, la mission Marchand, la mission de Bonchamps.

Au moyen des renseignements rapportés par Faivre et des dessins de Potter, Michel rend hommage à leur voyage de Goré au Nil Blanc avec l’armée du Dedjaz Tessema. Partis le 10 mars de Goré, ils sont en rejoints par le colonel Artamanoff, attaché à l’ambassade russe, autorisé par Ménélick à accompagner l’expédition. Le 22 juin 1898, le Nil Blans est atteint avec émotion. Faivre et Potter veulent laisser le drapeau français au Nil Blanc et visent la pointe d’un îlot tout indiqué. Faivre ne sait pas nager, Potter est fiévreux. C’est finalement le colonel russe et ses deux Cosaques qui se chargent de planter le drapeau tricolore. Dix-sept jours plus tard, le 9 juillet 1898, la mission Marchand salue les drapeaux français et éthiopiens à leur passage. Au mois de novembre, sur le chemin du retour, Potter est transpercé par une lance et rend son dernier souffle. Comme si l’histoire de cette mission n’avait pas été assez rocambolesque.

Biblethiophile, 08.05.2021