TUBIANA Ethiopie. Les règles d’un nouveau je.

↗ 2012 (01) ↘ ?

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En janvier 2012, je suis partie en résidence d’artiste en Ethiopie. C’est un pays dans lequel j’ai vécu enfant et y suis retournée ensuite adolescente. L’Ethiopie dont mon père enseignait la langue officielle, l’amharique, à l’Ecole Nationale des Langues Orientales à Paris ; un pays qui m’a donné un grand-père adoptif, Abba Jérôme Gebre Muse, l’informateur de Michel Leiris dans L’Afrique fantôme… Après le décès de mon père, il m’a semblé important de revenir sur ces traces de mon passé.

Mon travail de photographe-plasticienne est lié à l’intime et à la singularité de « l’être au monde ». C’est une recherche qui associe création photographique, vidéo et installation lumière qui chacune à sa manière, travaillent l’image et la matière lumineuse. Il s’inscrit dans mon cheminement artistique de projection d’images ensuite re-photographiées ou filmées qui a débuté en 1992. Depuis quelques années, mon œuvre interroge des civilisations et des cultures lointaines : après le Japon, l’Éthiopie.

Cette mémoire éthiopienne, je l’avais déjà revisitée en 2007 en introduisant dans la bande-son de l’installation lumière Jardin secret (porteuse de 9 langues dont l’arabe) la traduction en amharique d’un poème de Sylvie Le Scouarnec dit par un ami éthiopien de mon père. En 2009, un travail en noir et blanc, a été réalisé à partir des peintures éthiopiennes présentes dans la maison familiale. Il fait suite à la série Estampes – 2008, inspirée du Japon, et il a reçu le nom d’Incarnation Ethiopienne. Cette série d’images photographiques en grand format (140 x 70 cm) m’a conduit jusqu’aux Musées de Charleville-Mézières et d’Angoulême et m’a permis d’imaginer et de réaliser cette résidence d’artiste itinérante en Ethiopie qui a donné naissance à des œuvres variées.

Les différentes étapes ont été : la Maison/Musée Rimbaud à Harar, la campagne au nord d’Addis-Abeba (dans une ferme et un haras), Gondar au moment des fêtes de l’Epiphanie, puis les monastères du Lac Tana. Ce voyage s’est prolongé au retour par la visite d’œuvres porteuses du souvenir de l’Ethiopie, en particulier celles de Rimbaud et de Hugo Pratt pour la réalisation de vidéos et a permis de réaliser un livre ETHIOPIE, les règles d’un nouveau je , édition Sépia 2013 et une exposition intitulée Incarnations Ethiopiennes qui a été présentée en 2013 et 2014 au Musée Rimbaud de Charleville-Mézières, à la Cité Internationale de l’Image et de la Bande Dessinée d’Angoulême avec le soutien du Musée d’Angoulême et de la Région Poitou-Charentes et au Centre d’Art Plastique de Royan.

J’ai en effet modifié plusieurs choses dans ma manière de travailler : l’utilisation d’images d’archives en lien avec Rimbaud, l’utilisation de photographies réalisées adolescente en lien avec la ruralité et l’utilisation immédiate de photographies réalisées à l’occasion de fêtes qui grâce à la technique du numérique ont pu être dès la nuit tombée mis en espace par projection. Ma relation à la couleur a également été modifié.

« Toute image est pour moi un matériau de base, un point de départ. Dans le huis clos où elles s’abîment, les projections qu’orchestre l’artiste sont pour elle l’occasion d’interroger la nature même de l’acte photographique. Dans ses relations au réel, au vraisemblable et à la fiction. »

Philippe Piguet

C’est un travail instinctif, lié à l’espace construit. Mon postulat de départ étant que toute surface fait écran. Ce qui m’intéresse avant tout c’est l’association de plusieurs éléments d’apparence banale dont l’assemblage va précisément faire surgir du poétique, voire de l’incongru.

« C’est un travail qui a suivi les chemins de la filiation et où, dans la pudeur du regard et la générosité de l’écoute, se dit, avec discrétion, le respect de l’autre. »

Annette Carayon

Source : https://www.afriqueinvisu.org/incarnation-ethiopienne.html

Biblethiophile, 12.02.2020