Voyage sur la côte orientale de la Mer Rouge, dans le pays d’Adel, et le Royaume de Choa.

















Édition
Éditeur : Arthus Bertrand
Lieu : Paris
Année : 1841
Langue : français
Édition : première édition
Description
Signature : dédicace et signature de l'auteur: " A Monsieur Dezage Directeur de la politique au Ministère des affaires Etrangères, etc, etc, etc, hommage de profond respect." Provenance presitigieuse: Ex-li
État du document : bon
Reliure : Plein marocain rouge, dos et plat dorés, tranchés dorées.
Références
Réf. Biblethiophile : 2173
Réf. Pankhurst Partie : 1
Réf. Pankhurst Page : 120
Réf. UGS : 0183900
Première entrée : 1839
Sortie définitive : 1840
COLLATION :
grand in 8°, sur papier grand raisin vélin, 439 pp., 1 frontispice, 11 gravures, 1 carte.
En savoir plus
Charles-Xavier Rochet d’Héricourt est un commerçant, voyageur et diplomate français, fils d’un industriel. Il gagne un premier prix en chimie à l’académie de Florence[1]. Il a le savoir et le savoir-faire, il est pragmatique et manuel. Après la Tunisie (1828-1829), l’Égypte (1829-1839), il se fixe comme but de traverser l’Afrique d’est en ouest. Au Caire, il est en contact avec les missionnaires protestants Johann Ludwig Krapf, Karl Wilhelm Isenberg et Karl Heinrich Blumhardt qui ont été expulsés du Tigré par le däğğazmač Wəbe Haylä Maryam[2] et qui prévoient de se rabattre sur le Choa. L’ex-lieutenant de l’armée prussienne, Karl Christian Friedrich Kielmaier est également de la partie et il est décidé que Rochet l’accompagnera pour rejoindre Krapf et Isenberg au Choa.
Les missionnaires quittent le Caire au mois de janvier 1839 et atteignent Angolala le 6 juin.
Le programme prévu pour Kielmaier et Rocht ne se déroule pas comme prévu car, selon Krapf, sans préciser le lieu, la date et la raison, il nous apprend que les deux hommes se brouillent en chemin[3].
Rochet date son départ du Caire au 22 février[4] et donne l’impression de prendre son temps. Est-il toujours accompagné de Kielmaier ? Difficile à dire puisqu’il ne mentionnera jamais Kielmaier dans le récit qu’il publie en 1841 alors qu’il n’hésite pas à nommer toutes les personnes qu’il rencontre comme par exemple, Schimper, Airthon, Ferret et Galinier, Fresnel, etc. Dans tous les cas, il arrive à Djedda le 13 avril, à Moka le 30 où il rencontre le capitaine français de Bordeaux, M. Buston, commandant du brick La Mathilde, venu acheter du café dans cette ville. Si Kielmaier était encore à ses côtés, il serait surprenant qu’il ait consenti à perdre un mois à Moka, ce que Rochet n’hésite pas à faire. Rochet débarque seul à Tadjoura le 4 juin 1840 et y passe 2 mois qui ont dû être interminables. Le 3 août, il part pour le Choa avec deux locaux, atteint l’Hawash le 27 et Ankober le 3 octobre[5]. Il est bien reçu par le negus Sahlä Səlasse et gardera toute son estime tout du long de son séjour grâce aux deux innovations qu’il apporte mais de surcroît qu’il démontre : le moulin à poudre et la fabrication de sucre. Les soins médicaux qu’il a dispensés à Tadjoura et qu’il continue de prodiguer au Choa contribuent à son acceptation en Éthiopie. Cependant, Rochet se garde bien de se dire médecin, sa formule est plus subtile pour ne pas dire irrespectueuse : il a des « lumières médicales dont l’ignorance abyssinienne l’a gratifié »[6].
Au Choa, Rochet retrouve Krapf et Isenberg avant que ce dernier ne prenne le chemin du retour vers l’Europe. D’après Rochet, Sahlä Səlasse voit Krapf « avec ombrage », peut être du fait que le seul but du missionnaire est le « prosélytisme religieux », sans succès aux yeux du voyageur. Il nuance en précisant que Krapf « ne se fait pas ouvertement l’apôtre de sa croyance » et qu’il se livre à « l’instruction des enfants » [7].
Dès son arrivée, Sahlä Səlasse emmène Rochet et Krapf « en tournée dans une partie de son royaume »[8]. Il décrit notamment les sources thermales de Fine-Finies, celles-là même qui, selon la tradition, inciteront l’impératrice Taytu à y fonder Addis Abeba, 46 ans plus tard[9].
Le 3 mars 1840, il renonce à poursuivre son objectif initial et emprunte le chemin du retour vers la France, les bras chargés de cadeaux du Souverain pour le roi Louis-Philippe en ressentant le « devoir d’appeler l’attention de la science et de [son] pays sur une contrée aussi importante et aussi intéressante que le royaume de Choa ».
Il prend congé de Krapf en lui offrant sa boussole. À Farré, le 5 mars, il découvre l’écossais Airthon souffrant d’une « affection cérébrale ». Les saignées de Rochet ne seront d’aucun secours, le jeune homme mourant peu de temps après le départ du Français.
À Tadjoura, à cause du retrait des troupes de Méhémet-Ali Pacha du Yémen, aucun patron de barque ne veut noliser pour Moka. Rochet frète pour Aden en passant par Zayla. Le 2 mai 1840, il se trouve à Aden. À Moka, il rencontre Arnauld, Fresnel à Djedda et sur le chemin de Suez, Ferret, Galinier et Roger.
En 1841, Rochet publie Voyage sur la côte orientale de la Mer Rouge, dans le pays d’Adel, et le Royaume de Choa dans lequel il rend hommage à ses prédécesseurs parmi lesquels Samuel Gobat, Rüppel (Eduard Rüppel), Schimper (Georg Wilhelm Schimper), le baron de Kath (baron Karl Friedrich Rudolf Albo von Katte), Graphfe (Johann Ludwig Krapf), Isenberg (Karl Wilhelm Isenberg), Kilmayer et Welsted.
En queue d’ouvrage se trouvent :
- « Considérations sur l’importance politique et commerciale du royaume de Choa ».
- « Recueil de mots arabes, amharras et gallas employés usuellement dans la conversation ».
Une carte vient en appoint du récit comme d’ailleurs les 12 gravures d’après les dessins de Rochet, interprétés pour l’édition par MM. Dauzats, Gué, P. Blanchard, Oscar Gué, A. Matthieu et P. Lassalle. Lukian Prijac nous avise que la BnF détient quelques gouaches originales du voyageur.
L’exemplaire hébergé par Biblethiophile est celui que le fameux bibliophile Humphrey Winterton a accompagné jusqu’en 2003 et que Rochet d’Héricourt avait offert « à Monsieur Dezage Directeur de la politique au Ministère des affaires Etrangères, etc, etc, etc, hommage de profond respect ».
Rochet d’Héricourt retournera en Éthiopie en 1843-1844 (Second voyage sur les deux rives de la Mer Rouge dans le Pays des Adels et le Royaume de Choa) et en 1848-49. Il meurt en 1854 à Jeddah où il était consul depuis deux ans.
On remarquera la présence de Kielmaier dans la liste des hommages qu’il rend dans sa préface, en contraste avec son absence du texte. Son bref compagnon de voyage fait un détour par Aden et par Zeila (novembre 1839) avant de débarquer à Tadjoura. Il meurt entre cette ville et le Choa, probablement au mois de mai 1840, ce qui pose la mystérieuse question : Rochet a-t-il vu le cadavre de Kielmaier ou l’a-t-il encore croisé vivant ?
De nos jours, les bornages des smartphones de Kielmaier et rochet auraient infailliblement répondu à l’énigme.
Biblethiophile, 14.08.2025
[1] PRIJAC (Lukian), « Rochet d’Héricourt, Charles-Xavier », EAe, t. 4, p. 398.
[2] KRAPF (Johann Ludwig), Reisen in Ost-Afrika ausgeführt in den Jahren 1837-55. Zur Beförderung der ostafrikanischen Erd- und Missionskunde, p. 41.
[3] Ibid., p. 49.
[4] ROCHET D’HERICOURT (Charles-Francois-Xavier), Voyage sur la côte orientale de la Mer Rouge, dans le pays d’Adel, et le Royaume de Choa, p. 16
[5] Ibid., p. 133.
[6] Ibid., p. 223.
[7] Ibid., p. 149.
[8] Ibid., p. 150.
[9] DEWEL (Serge), Addis Abeba (Ethiopie). Construction d’une nouvelle capitale pour une ancienne nation souveraine, tome 1 (1886-1936), p. 39.