De 1896 à 1913

De Ménélik à Mengistu. Un Suisse en Éthiopie.

EVALET (André) ↗ 1908 (07) ↘ 1921 ↗ 1929 ↘ 1983. EVALET (Edouard) : ↗ 1898 (11) … ↘ 1942 †

Édition

Éditeur : Musée d'Ethnographie

Lieu : Genève

Année : 1999

Langue : français

Références

Réf. Biblethiophile : 1932

Réf. Pankhurst Partie : -

Réf. Pankhurst Page : 113

Réf. UGS : 0190800

Première entrée : 1898

Sortie définitive : 1983

COLLATION :

Témoignage recueilli et annoté par Micheline Fontolliet Honoré, coll. Sources et témoignages N° 4, 162 pages, 100 ill. n/b.

En savoir plus

Edouard et André Evalet en Éthiopie

À la demande de l’empereur Ménélik II, Alfred Ilg cherche par annonce un horloger qui reçoit la réponse d’Edouard Evalet, horloger formé à Bienne. En 1898, à l’âge de 22 ans, Edouard s’expatrie en Éthiopie et y importe des montres suisses pour subvenir à ses besoins. En 1907, il fait la connaissance du Bernois Carl Faller, l’heureux détenteur d’une concession forestière dans la région d’Addis Alem, à 55 km de la capitale éthiopienne[1]. Sans moyen financier pour l’exploiter, Edouard et Carl s’entendent pour créer la première scierie dans l’empire de Ménélik. L’innovation nécessite l’achat de matériel qu’Edouard déniche en Suisse. Il se marie avant de retourner rejoindre son associé. L’enveloppe ci-dessous envoyée par Carl Faller est à l’entête de la scierie.

En juillet 1908 naît André Evalet. Avant la première guerre mondiale, la jeune famille fait un séjour en Suisse. De 1921 à 1929, André Evalet se rend à Bienne étudier l’architecture avant de rejoindre son père dans la scierie. Avant 1934, il effectue un séjour à Paris avec l’intention de s’inscrire aux Beaux-Arts mais sans y parvenir. La famille Evalet survit à l’occupation italienne, entretenant des rapports mitigés. André devient correspondant consulaire suisse et l’amène à se rendre à Rome. En 1940, il se marie en  Éthiopie avec Edith Haertel, une année avant le retour de l’empereur Hailé Selassié. Edouard Evalet décède en 1942. André n’entretient pas de bons rapports avec l’Empereur en raison de l’aide qu’il aurait apportée au fils de lidj Yassou, Yohannès Yassou et qui aurait déplu au souverain. Il devient délégué de la Croix-Rouge internationale sans que la direction genevoise ne valide sa promotion. Sa fonction l’amène à gérer l’évacuation des Italiens. Le 5 janvier 1945, il est expulsé d’Éthiopie par l’Empereur et se réfugie en Érythrée, à Asmara. Sept ans plus tard, à l’occasion d’une visite d’Hailé Selassié à Asmara, il obtient du souverain sa réhabilitation et s’empresse de rejoindre sa mère, Jeanne Evalet-Roth. Il divorce et se remarie avec une autre Allemande, Elisabeth.

Jeanne s’éteint en 1973, lui épargnant de vitre la destitution de l’Empereur. André explore le pays qui l’a vu naître et qui vit la révolution du Derg. En 1983, il décide de s’installer définitivement en Suisse sans toutefois résister de se rendre en Éthiopie en 1996. Trois ans plus tard, les mémoires d’André Evalet sont publiées par le Musée d’ethnographie de Genève, à l’initiative d’Irène Buche Comté et de Micheline Fontolliet Honoré et au nom de l’Association Suisse-Érythrée. En 2002, André Evalet s’éteint à Genève à l’âge de 94 ans[2].

Les mémoires d’André Evalet

Comme le relève si bien Elisabeth Biasio dans la préface des mémoires d’André Evalet, ce genre de témoignage est utile à la recherche historique et ethnographique. L’Éthiopisant découvre le parcours d’une personne née en Éthiopie de parents néophytes des us et coutumes du pays avant leur émigration et qui y a passé la majeure partie de sa vie. Les exemples similaires ne sont pas pléthore. En gardant à l’esprit les intérêts que l’auteur doit défendre et ses opinions sur une période particulièrement mouvementée du XXème siècle, la lecture de l’ouvrage est très instructive.

Immanquablement, les photos éveillent la curiosité. Elles augurent d’un fonds très riche, inestimable s’il contient aussi les photographie d’Edouard. On regrettera l’absence d’une table des illustrations, de leurs provenances et de leurs auteurs.

Biblethiophile, 14.05.2020, révisé le 14.07.2025.

En 4e de couverture

Si le nom de Ménélik II évoque l’aventurier Rimbaud et les premiers Européens attirés par l’empire du roi des rois, Mengistu Hailé Mariam, le «négus rouge», a laissé le souvenir d’une répression féroce et d’une guerre sans merci contre l’Érythrée. Les décennies séparant ces deux noms pourraient compter pour des siècles, tant les bouleversements qui ont marqué cette période mouvementée ont été importants. Les ermites éthiopiens l’avaient d’ailleurs prédit: «de grands oiseaux blanc jetteront du feu du ciel et beaucoup de sang sera versé».

Témoin actif d’événements décisifs pour l’histoire de l’Éthiopie et de l’Érythrée, André Evalet raconte ses souvenirs avec un indéniable talent de conteur et une mémoire sans faille.

André Evalet est né à Addis-Abeba en 1908 de parents d’origine jurassienne, Edouard, horloger de Ménélik, et Jeanne, ancienne modiste à Bienne. Cette double appartenance culturelle, suisse et éthiopienne, lui a permis mieux qu’à personne d’être à plusieurs reprises un intermédiaire précieux entre les populations locales et les Européens résidant ou de passage dans le pays. Il a partagé son temps entre sa scierie dans les environs d’Addis et les nombreuses missions qui lui ont été confiées dont, entre autres, l’évacuation des civils et soldats italiens sous l’égide du CICR et l’alimentation en eau potable à l’intérieur du pays, avec le Corps suisse d’aide en cas de catastrophe. Vu sa connaissance de la langue et du pays, il fut un compagnon de voyage apprécié de nombreux Suisses, dont Jean Graven professeur de droit pénal à l’Université de Genève, chargé de rédiger le Code pénal éthiopien.

Expulsé d’Éthiopie par Hailé Sélassié, il passa sept ans en Érythrée où il fit du cabotage sur la mer Rouge. C’est là aussi qu’il rencontra Woldeab Wolde Mariam, le père de la révolution érythréenne, et qu’il traduisit du français en amharique le projet de Constitution érythréenne, sur la demande de l’avocat Luca, délégué de l’ONU.

Proche de la famille impériale, il a côtoyé les dignitaires de la cour et les chefs coutumiers, mais son intérêt pour la vie spirituelle l’a aussi conduit à converser avec les baatawi, ces ermites prédisant l’avenir, qu’il tenait en grande estime, et les cheiks du Wollo, guides spirituels musulmans.

En racontant sa vie passionnante et mouvementée, André Evalet fait revivre de l’intérieur une époque cruciale de l’histoire éthiopienne et met en lumière les relations entre l’Europe et l’Éthiopie au cours du XXe siècle. En bref, un itinéraire captivant, illustré d’une centaine de photos et documents tirés de ses archives personnelles et complété d’annexes destinées au lecteur désireux d’en savoir plus sur l’Éthiopie et l’Érythrée.

Sommaire

Avant-propos de Claude-Victor Comte, président de l’Association Suisse-Érythrée

Préface d’Elisabeth Biasio, Musée d’ethnographie de l’Université de Zurich

En guise d’introduction, janvier 1996

 1. L’Éthiopie de Ménélik, 1898-1913

 2. Enfance et adolescence, 1908-1921

 3. Mes études en Suisse 1921-1929

 4. Avant la guerre italo-éthiopienne, 1929-1936

 5. La guerre et l’occupation italienne, 1936-1941

 6. Le retour de l’empereur et l’évacuation des Italiens, 1941-1945

 7. En Érythrée, 1945-1952

 8. Les années difficiles, 1952-1974

 9. Mes dernières années en Éthiopie, 1974-1983

 10. Retour définitif en Suisse et épilogue, 1983-1996

Annexes

Bibliographie

Lexique


[1] Evalet (André), De Ménélik à Mengistu. Un Suisse en Ethiopie, 1999, p. 10.

[2] BARRELET (Jacques), « André Evalet », consulté le 14.07.2025