Pêle-mêle

Poésie traditionnelle des Afars.

MORIN (Didier)

Poésie traditionnelle des Afars.

Édition

Éditeur : Peeters

Lieu : Paris

Année : 1997

Langue : français

Description

État du document : bon

Reliure : broché

Références

Réf. Biblethiophile : 004720

Réf. UGS : 91130012

COLLATION :

383 p.

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En quatrième de couverture

On cherchera en vain un livre antérieur à celui-ci. Il n’y en a pas. Serait-ce que la poésie afare n’existe pas? Toute une pseudo-littérature de voyageurs est là pour nous en assurer – et nous inquiéter par son silence qui n’est pas celui d’émules de Rimbaud dévorés par l’aventure réelle, mais celui né de l’ignorance et du mépris. Peu de sociétés africaines ont, comme les Afars, fait l’expérience d’une négation culturelle aussi radicale.

De fait, le style poétique (gad), avec des modalités de structuration fondées sur le fragment et l’emprunt, échappe aux analyses conventionnelles. L’obstacle n’est pas seulement lié à la «barrière de la langue», mais aussi à un mode qui s’organise à partir d’un code social qui ne s’énonce pas, où l’élan sensible de celui qui parle est définitoire du poétique et où, pour rejoindre Paul Valéry, c’est l’exécution du poème qui est le poème.

À travers le répertoire d’un poète, ce livre interroge la mémoire collective. Quête individuelle, mais quête totale qui reproduit celle du pasteur toujours en marche, emblématique d’une société partagée entre abondance et disette, exaltation et déréliction.

Le poète gadabé, «faiseur de gad», héros d’un cycle où le groupe l’inscrit en le rendant à l’anonymat, reproduit et renouvelle une expérience esthétique qui l’engage tout entier. Dans son irréductibilité à des règles métriques fixes, le gad est l’expression même de ce que l’acte de profération, à l’image de l’existence, peut comporter de fugace, de tragique et de lumineux :

Barak raqtem barkattoysey

Waqlak raqtem qedaadisey

Nel taniimik Yallaw xactuw nel ruubey

Bénis donc ce qui reste avant la nuit

Ménage le temps qui nous reste

Contre ce qui s’appesantit sur nous, envoie-nous, ô Dieu, Ta fraîcheur !

Dans le domaine encore largement inexploré de la littérature couchitique, après Le Ginnili, devin, poète et guerrier afar (Peeters 1991) et « Des Paroles douces comme la soie » (Peeters 1995), ce livre pose un troisième jalon sur la voie de la reconnaissance d’un style oral suffisamment original pour être resté jusqu’ici méconnu.

Biblethiophile, 18.12.2025