« Des paroles douces comme la soie ». Introduction aux contes dans l’aire couchitique (bedja, afar, saho, somali).
Édition
Éditeur : Peeters
Lieu : Paris
Année : 1995
Langue : français
Description
État du document : bon
Reliure : broché
Références
Réf. Biblethiophile : 004612
Réf. UGS : 91130011
COLLATION :
383 p.
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En quatrième de couverture
Le conte populaire à déjà suscité une littérature abondante, moins sans doute sur l’Afrique du Nord-Est qu’ailleurs, et à ce seul titre ce livre comble une vraie lacune. Mais il le fait en posant une question doublement difficile, à partir d’un constat : la plupart des sociétés parlant des langues couchitiques placent au sommet de la hiérarchie de l’expression orale la poésie, dont le chant est le critère essentiel. Ce qui n’est pas chanté ne mérite aucune appréciation esthétique. Le conte est ainsi assimilé à un bavardage, voire à un commérage quand il implique des femmes. C’était le préjugé commun en Europe avant l’invention des contes par les folkloristes.
Jusqu’à quel point les taxinomies traditionnelles sont-elles pertinentes ? Et quand elles ne le sont pas, existe-t-il des traits objectifs qui qualifient le conte comme un genre à part entière ? La réponse proposée revient à retrouver les critères sous-jacents qui permettent à tout auditeur de reconnaître un conte et de juger qu’il est bien ou mal dit. Il existe ainsi des différences constantes entre le style parlé, celui de la conversation, et le style oral des sheeka-xariiro, de ces paroles douces comme la soie, comme l’on dit en somali. Dans cette zone en marge du domaine arabo-persan que constitue l’Afrique des rives de la mer Rouge et de l’océan Indien, l’art du contage, culturellement dévalorisé par rapport au modèle écrit dominant, trouve sa cohérence et sa spécificité en référence à une oralité fondamentalement africaine.
La définition syntaxique et stylistique du conte est aussi l’occasion d’une actualisation et souvent d’une réévaluation de ce que l’on sait de la dialectologie, du statut et de la structure de quatre langues couchitiques (le bedja, l’afar, le saho et le somali), connues de façon inégale, et qui forment un continuum virtuel d’Assouan en Égypte au nord-est du Kenya.
Didier Morin, né en 1947, chercheur au CNRS, est spécialiste des langues couchitiques. Intéressé depuis longtemps par les problématiques de l’oralité, il a publié, en 1991, Le Ginnili, devin, poète et guerrier afar (Éd. Peeters).
Cliché de couverture : Bergère afare tressant le doum
Biblethiophile, 18.12.2025