Mission de Bonchamps. Vers Fachoda, à la rencontre de la mission Marchand à travers l’Éthiopie.


























Édition
Éditeur : Plon-Nourrit
Lieu : Paris
Année : 1900
Langue : français
Description
Signature : Envoi de l'auteur à Poggioli.
État du document : Assez bon
Références
Réf. Biblethiophile : 003862
Réf. Pankhurst Partie : 2
Réf. Pankhurst Page : 106
Réf. UGS : 0189700
Première entrée : 1897
Sortie définitive : 1898
COLLATION :
In-8 broché, couvertures imprimées et illustrées.
En savoir plus
Depuis 1893, l’occupation du Haut-Nil est l’objectif du gouvernement français. À la fin de l’année 1896, suite à la victoire de Ménélik sur l’armée italienne, la mission Clochette et celle de Bonvalot-de Bonchamps sont mises sur pied. Tout au long du récit Mission de Bonchamps. Vers Fachoda, à la rencontre de la mission Marchand à travers l’Éthiopie de Charles Michel, second de la mission, le lecteur comprend qu’une rivalité s’établit entre les deux missions et que leurs soutiens diffèrent, pour ne pas dire qu’ils entrent en concurrence.
À la même période, Lagarde est en mission à Addis-Abéba pour féliciter Ménélik. En réalité, il se rend auprès de l’empereur pour renouveler le traité de 1848 et la permission de libre passage. Vignéras décrit superficiellement l’entreprise dans le ouvrage portant le titre Une mission française en Abyssinie. Le Prince Henri d’Orléans suit la même route sous couvert de « contribuer à l’expansion scientifique, morale, commerciale de l’influence française en Abyssinie ». Même si l’angle de vue se limite qu’aux missions dirigées par des Français, on se doit de mentionner celle du comte Leontieff.
Bonvalot est le chef de la mission qui nous occupe. Le budget alloué par le ministre des Colonies est dix fois plus faible qu’une mission semblable. Lagarde et Clochette sont déjà en route lorsque le groupe tourne le dos à Djibouti. A Gueldessa, « Bonvalot mange des gigots de mouton » et « Bonchamps prend fusil et cartouche pour des massacres d’innocent ». Si l’on en croit l’auteur, il est le seul avec Bartholin à se rendre utile. Le ton est donné. A Harar, ils sont reçus par le ras Makonnen qui les contraints d’attendre l’autorisation de se rendre à Addis-Abéba. Le 26 mars 1897, le ministre plénipotentiaire de France, Léonce Lagarde, autorise Bonvalot à emprunter la route par le Tchercher pour se rendre à la capitale avec une mince escorte. Le reste de la caravane franchit les remparts d’Harar le 30 mars pour emprunter la route du désert danakil. Sur la route, Michel rencontre Stévenin qui l’informe avoir vu Bonvalot et le Prince d’Orléans à la Nouvelle Fleur ; que Lagarde était partit quatre jours avant leur arrivée et que la caravane du capitaine Clochette avait quitté trois jours après Lagarde. On peut aisément s’imaginer ce que Bonvalot a dû penser lorsque qu’il croise Lagarde le 7 avril 1897. Clochette remet une lettre à Mondon à l’attention de Bonvalot : « Je ne puis ni vous attendre ni vous voir, faites-vous congédier … ».
On notera que Michel a emmené un cinématographe confié par les frères Lumière qu’il semble manier avec adresse. Il prend de nombreux clichés et rencontre la communauté européenne bien connue. Soudainement, Bonvalot décide de rentrer en France et remet la direction de la mission à Bonchamps, Michel devenant son second. L’auteur et son compagnon, l’artiste peintre suisse Maurice Potter, sont en définitive les deux piliers de l’expédition. Ils feront preuve d’un dévouement sans faille, relevant des défis incommensurables. Le premier étant de celui d’accepter de rejoindre le Nil Blanc avec des chameaux !
Le 29 juin 1897, l’équipée, désormais appelée mission Bonchamps, rejoint à Goré un Clochette malade, entouré de Faivre et Véron. Une région marécageuse redoutée par les Ethiopiens, une caravane composée de vaisseaux de désert, des moyens limités, il n’en faut pas beaucoup plus pour que le personnel engagé ne se désiste. Les autorités locales sont de mauvaise volonté, prouvant une dissension en haut lieu. Comble de malheur, le capitaine Clochette meurt le 24 août 1897. Michel et Bartholin sont renvoyés à Addis-Abéba pour renouveler l’autorisation de l’Empereur. Le dedjaj Tessema, maître à Goré est appelé par son souverain. Le 3 octobre, Lagarde arrive à Addis-Abéba, attribuant l’insuccès de la mission à Bonvalot. Il prend la haute direction de la mission Bonchamps et confie le commandement de la mission Clochette à Bonchamps. L’objectif reste inchangé : rejoindre la rive droite sur Nil Blanc et faire la jonction avec la mission Marchand. A la fin du mois d’octobre, les deux envoyés sont de retour à Goré et la caravane s’ébranle de Bouré le 29 novembre. Malgré une volonté à toute épreuve, ils sont contraints de rebrousser chemin sur la rive gauche du Sobat, à 150 km de Fachoda. Partis 150, ils ramènent 80 malades et 27 animaux de bât sur les 140 du départ.
A Goré, la désillusion est complète en constatant que Lagarde n’a pas donné de nouvelle et que le bateau qui leur est destiné est entreposé à Djibouti. A partir du 22 février, le délitement de la mission va se poursuivre. Bonchamps est malade ; Potter et Faivre accompagnent le dedjaj Tessema dans son expédition vers le Nil Blanc; Véron reprend le chemin d’Addis-Abéba ; Michel et Bartholin accompagnent Bonchamps à la capitale. Sur leur route, ils rencontrent le professeur Wurtz, de la Faculté de Paris et son préparateur Fensky ; à Addis-Abéba, Mocquet, Laguibourgère, le capitaine Keroman, Chefneux, Delhorbe, Trouillet, etc. La mission est dissoute, son chef rapatrié.
Michel n’a rien perdu de sa persévérance et tente d’organiser une caravane pour se rendre au rendez-vous avec la mission Marchand. Lagarde ne désapprouve pas officiellement mais le peu de soutien qu’il lui propose est synonyme de désaveux. Avec son style, l’auteur conclut : « Le 23 mai, il [Lagarde] repart accompagné de trois choums abyssins qui vont prendre les eaux de Vichy et suivi d’un boy de confiance, qui porte dans un grand mouchoir 104 brevets en blanc de l’Etoile d’Ethiopie ». Suivant le conseil de Ilg, Michel et Bartholin décident de rentrer en France pour revenir dans trois mois avec une expéditions bien montée et un bateau. Ils sont à Djibouti le 3 juillet où ils retrouvent le fameux chaland envoyé par le ministère et attendu en vain. Il croupit depuis 18 mois dans la cour de la maison de l’ancienne Compagnie franco-africaine, à côté d’une machine à glace, stockée depuis 2 ans ; des pompes destinées à Harrar et oubliées depuis 7 ans.
A partir de ce point du récit, l’auteur liste chronologiquement les positions des trois acteurs : l’armée anglo-égyptienne de Lord Kitchener, la mission Marchand et la mission Bonchamps.
Au moyen des renseignements rapportés par Faivre et des dessins de Potter, Michel rend hommage à leur voyage de Goré au Nil Blanc avec l’armée du dedjaz Tessema. Partis le 10 mars de Goré, ils sont en rejoints par le colonel Artamanoff, attaché à l’ambassade russe, autorisé par Ménélik à accompagner l’expédition. Le 22 juin 1898, le fleuve est atteint avec émotion. Faivre et Potter veulent planter le drapeau français et visent la pointe d’un îlot tout indiqué. Faivre ne sait pas nager, Potter est fiévreux. C’est finalement le colonel russe et ses deux Cosaques qui se chargent de ficher le drapeau tricolore. Dix-sept jours plus tard, le 9 juillet 1898, la mission Marchand salue les drapeaux français et éthiopiens à leur passage.
Le 3 septembre 1898, Khartoum est prise par les Anglais et quelques jours plus tard, Marchand est à Fachoda.
Au mois de novembre, sur le chemin du retour, Potter est transpercé par une lance et rend son dernier souffle. Comme si l’histoire de cette mission n’avait pas été assez rocambolesque.
Biblethiophile, 08.05.2021, révisé le 01.06.2025.