Narrative of a Journey to Shoa and of an Attempt to Visit Harrar.






Édition
Éditeur : Political Department, printed at the Education Society's Press
Lieu : Bombay
Année : 1868
Langue : anglais
Références
Réf. Biblethiophile : 004709
Réf. UGS : 0184105
Première entrée : 1841
Sortie définitive : 1843
COLLATION :
91 p., map (1 folded sheet) tipped in.
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Après les îles Mushakh, le Choa
Au mois d’août 1840, le lieutenant William Charles Barker de l’Indian Navy prend possession des îles de Mushakh dans le golf de Tadjourah pour le compte du gouvernement britannique. Il en rend compte dans son article « On Eastern Africa ».
Neuf mois plus tard, l’officier se porte volontaire pour accompagner l’Ambassade britannique au Choa dirigée par le capitaine William Cornwallis Harris, qui quitte Aden le 15 mai 1841 et débarque à Tadjourah le 17[1].
Les cent cinquante chameaux ne suffisant pas à charger tous les bagages, le solde est laissé sur place avec une partie de l’équipe[2]. Le peintre allemand Johann Martin Bernatz, le compagnon de Roth, affirme qu’il est à Tadjourah au mois de juin[3] en compagnie du Surveyor and Draftsman Robert Scott. Concernant Sydney Horton et Impey, que Harris inclut dans l’équipe, les archives du Governement of Bombay Secret Department laissent entendre qu’ils ont été rappelés à Aden. Quant à Hatchatoor, il a dû retourner à Aden car aucune source ne laisse entendre qu’il se soit rendu au Choa.
Le 1er juin 1841, l’ambassade laisse Tadjourah pour le Choa. Elle est conduite par le chef de mission, secondé par le capitaine Douglas Cuninghame Graham, accompagné de l’Assistant Surgeon Ruppert Kirk, du médecin allemand Johannes Rudolf Roth, du lieutenant William Charles Barker et de 190 soldats européens volontaires.
Quelques jours après avoir traversé l’Hawash, le 15 juillet, la caravane arrive à Denel Melei[4], le Dinómali de Harris[5]. En recoupant cette information avec celle contenue dans le récit d’Harris, on apprend l’arrivée de Johann Ludwig Krapf. Mais Barker nous fait une confidence qu’Harris se tient bien de nous dévoiler, au vu des rapports tendus qui suivront : Charles Beke accompagne le missionnaire pour souhaiter la bienvenue à l’ambassade et faciliter au mieux son entrée au Choa. Le lendemain, les bagages sont déplacés à Fari, distant de 2 miles (ca 3.2 km). La suite du récit de Barker est moins détaillée que le journal de Kirk.
Le 2 août, il sont reçus par le negus Sahlä Səlasse qui les confine à Ankober jusqu’au 23 septembre.
Quand la hiérarchie en décide autrement
En cette fin de mois de septembre, Barker reçoit l’ordre de ses supérieurs de retourner immédiatement à Aden. Il compte bien y obéir mais en projetant toutefois de rentrer par Harar, ce que le Négus et Harris ne contrecarrent pas.
Du mois d’octobre au mois de janvier, il vit à Aləyyu Amba, se démenant pour trouver la personne qui prendra le risque d’être le cornac d’un chrétien à Harar. Le Wulasma Mohamed Abogaz n’est pas étranger au rechignement des guides. Barker est régulièrement en négociation avec lui et lui rend plusieurs visites à Gouchoo, son lieu de résidence d’une part et la prison d’état du negus Sahlä Səlasse d’autre part. Ce lieu n’est-il pas suffisamment intriguant pour éveiller notre curiosité ?
Gončo, 1er épisode
Le 21 octobre, Barker note dans son journal :
[…] I proceed at an early hour towards Gouchoo, the residence of the Wuslama, about six miles distant from Alio Amba. Our road over a hilly country intersected with numerous ravines, and crossed by three inconsiderable streams, namely, the Jami, Dinki, and Wamburroo; the last named flows round the foot of Gouchoo, and all flow eastward[6].
Il poursuit par la description de Gouchoo :
The hill of Gouchoo is only accessible on one side, and that is very steep; the residence of the Wulasma is at the very summit, and surrounded by a tripe stockade, each about twelve feet high[7].
Les 6 miles (ca 10 km) sont parcourus en 3 heures. Son hôte étant occupé à son arrivée, Barker est accueilli par la femme du Wulasma, âgée de 35 ans et par ses cinq filles, la plus jeune âgée de 13 ans (sic!).
Voici le détail de l’intérieur de l’habitation que l’officier nous donne :
Opposite the door by which I entered was a long passage, which was crowed with the attendants of the unfortunate prisoner; this passage led to a staircase communicating with the vaults bellow, where their masters were confined, […][8].
Il faudra attendre la prochaine visite pour en connaître un peu plus.
Entrée triomphale du negus Sahlä Səlasse à Ankober
Le 18 octobre, le souverain part en campagne au pays « galla » et revient à la fin du mois. Barker est le seul à évoquer le 18 novembre 1841, date de l’entrée triomphale de Sahlä Səlasse à Ankober[9]. La scène fera l’objet d’une peinture que Bernatz réalisera à son retour en Europe, en 1845.
Avec l’aide de Krapf, Barker prépare une lettre de recommandation du Negus au souverain de Harar qu’il parvient à soumettre à signature. Par ce moyen, il espère accélérer la date de son départ.
Gončo, 2e épisode
Le 10 janvier 1842, la visite de Barker au Wulasma prend un tournure différente des précédentes visites. Le lieutenant est en effet le seul voyageur occidental à décrire le domicile et la table du Wulasma[10]. Le tej de son hôte est bien supérieur à tous ceux que la cuisine royale a bien voulu servir aux membres de l’ambassade. Barker se lie d’amitié avec le jeune fils du Wulasma âgé de dix ans[11]. Il accepte même de passer la nuit dans la prison d’état du negus Sahlä Səlasse.
Dans sa lettre officielle à Harris du 7 janvier 1842, Barker nomme les deux rivières qui délimitent Aləyyu Amba : au nord Alio Amba Wah et au sud Jami. La suite résume ce que nous savons déjà :
To the north-est, about four miles[12], is the hill of Gouchoo, on the summit of which is the house of the Wulasma Mohamed Abogaz, beneath which, in vaults, are confined the state prisoners of the kingdom of Shoah, the only crime of many of whom is that of being related to the reigning monarch, and for which they are condemned by a barbarous policy to a life of perpetual confinement[13].
Même si le présent article vise à donner un aperçu du témoignage du lieutenant William Charles Barker, il ne peut se muer en une monographie du domicile du Wulasma à Gouchoo. Cependant, vous n’auriez pas été indiffèrent à découvrir la localisation de Gouchoo. Au risque de vous décevoir, la carte accompagnant le journal n’est d’aucune aide, Gouchoo n’y figurant même pas. Barker n’aurait pas manqué de l’afficher s’il avait pu signer le bon à tirer. Quelle frustration ! Lors même que le maître Joseph Tubiana disait à ses ouailles : « il faut savoir arrêter une recherche[14] », nous poursuivrons, coûte que coûte, quitte à émettre des hypothèses en attendant la confirmation d’un autochtone. Rendez-vous à Gončo.
Désillusions de Barker
En revenant à notre lieutenant, ce n’est que le 16 janvier 1842 qu’il parvient à se mettre en route, péniblement et probablement sans grands moyens financiers, car, selon lui, la trésorerie de la mission est au plus bas.
La cupidité des guides a raison de la volonté du lieutenant qui abandonne en chemin, à contre-cœur, bien entendu.
Le 6 février, il arrive à Tadjourah et nolise quatre jours plus tard pour Zaylah. Son journal se termine à Aden en date du 25 février 1842.
Charles Johnston rencontre Barker à Aden au mois de mars 1842 et profite de tous les renseignements en possession du lieutenant.
Au bibliophile Humphrey Winterton
Narrative of a Journey to Shoa and of an Attempt to Visit Harrar ne paraît qu’en 1868, dans le cadre des préparatifs à l’expédition militaire de l’armée britannique contre l’empereur Tewodros II. Barker n’a pas l’opportunité de réviser son récit avant publication. L’édition a dû être très limitée car seuls quelques exemplaires nous sont parvenus. Sur les 405 millions de livres que référencie Worldcat, le site ne localise que 5 copies : Cambridge, Oxford, Cape Town, Berlin et Doha. En 2004, Christie’s a mis en vente le manuscrit du journal accompagné d’un exemplaire imprimé ; en 2014, le libraire Patrick Pollak et Sotheby’s en proposaient un exemplaire, peut-être le même d’ailleurs ; l’institution Maggs Bros. Ltd., accessoirement librairie, a complété la collection de Biblethiophile en 2024.
Biblethiophile, 14.10.2025
[1] KIRK (R[upert]), “Journey from Tajoora to Ankober”, Transactions of the Bombay Geographical Society, from September 1841 to may 1844, vol 1, Bombay, 1844, pp. 317-367.
[2] Ibid., p. 320.
[3] BERNATZ (Johann Martin), Bilder aus Aethiopien, Bild VI.
[4] BARKER (W.C.), Narrative of a Journey to Shoa and of an Attempt to Visit Harrar, p. 18.
[5] HARRIS (W[illiam] Cornwallis), The Highlands of Aethiopia, t. 1, p. 321.
[6] BARKER, Narrative […], op. cit., p. 40.
[7] Ibid., p. 41.
[8] Ibid., p. 42.
[9] Ibid., p. 47.
[10] Ibid., p. 54.
[11] Après nous avoir dit qu’il avait 5 filles, voilà que le Wulasma a également un fils de 10 ans.
[12] Il parlait de 6 miles à la page 40 ! Que cette imprécision est surprenante de la part d’un officier qui se charge d’observations astronomiques.
[13] Ibid., p. 59.
[14] Dixit Alain Rouaud.