Second voyage sur les deux rives de la Mer Rouge dans le Pays des Adels et le Royaume de Choa.
Édition
Éditeur : Arthus Bertrand
Lieu : Paris
Année : 1846
Langue : français
Édition : première édition
Description
État du document : bon
Reliure : broché.
Références
Réf. Biblethiophile : 2171
Réf. Pankhurst Partie : 1
Réf. Pankhurst Page : 120
Réf. UGS : 0184300
Première entrée : 1842
Sortie définitive : 1843
COLLATION :
Mit 15 getönt. lithogr. Taf., 1 gefalt. Karte und mehreren Tab. XLVIII, 406 S. OU. (Rckn. erneuert, gebräunt, tls. fl. u. randriss., kl. anges. Eckabrisse).
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Le premier voyage de Charles-Xavier Rochet d’Héricourt est le sujet du Voyage sur la côte orientale de la Mer Rouge, dans le pays d’Adel, et le Royaume de Choa. Rappelons simplement qu’à titre privé il découvre le Choa et son suzerain entre juin 1839 et avril 1840 puis retourne en France chercher des appuis politiques et financiers.
Précisons d’emblée que la chronologie du récit du deuxième voyage est respectée sans pour autant qu’on puisse parler d’un journal. Parfois, il faut s’aider de ses « observations de l’inclinaison de l’aiguille aimantée », de ses observations météorologiques, barométriques, thermométriques, etc., pour confirmer la date de sa présence en un lieu précis. Rochet n’est pas aussi méthodique et scrupuleux qu’un Antoine d’Abbadie mais il donne l’impression d’être bien intentionné, sachant que les instruments d’observation lui ont été confiés par l’Académie des sciences. De son côté, le gouvernement français le charge de porter au negus Sahlä Səlasse des cadeaux qui ne manqueront pas de plaire au roi.
Ainsi paré, il tourne de dos à Marseille le 1er janvier 1842 ; évite Suez en choisissant de remonter le Nil ; atteint Keneh (14 mars) puis Kosseïr (21 mars) où il nolise pour Djedda (21 avril). Un mois plus tard, à Moka, il rencontre Johann Ludwig Krapf et Bell qui se rendent à Aden. Dans son récit, Rochet ne laisse paraître aucune animosité contre Krapf. Il ne doit cependant pas ignorer les intrigues fomentées par le missionnaire et son parti pris pour les Britanniques. Krapf lui révèle le succès de l’ambassade de Harris malgré la perte de six soldats à l’approche. Lui-même a passé par Massaoua au lieu de fréter à Tadjourah.
Le 28 mai, Rochet traverse la mer Rouge et faisant fi des conseils du missionnaire débarque à Tadjourah le 31 mai pour apprendre que le Sultan a signé un « traité commercial » avec les Anglais et qu’il s’est engagé, par ce traité, « à interdire l’entrée du pays des Adal à tout Européen qui voudrait aller à Éfate (la première province du royaume de Choa que l’on rencontre en venant de Toujourra) [1] ». Le voyageur remet à la voile pour Moka.
Si l’on en croit son récit, il ne reste que cinq semaines à Moka alors que les dates de ses observations thermométriques faites en juin, juillet et août[2] dans cette même ville les contredisent. Les 11 et 12 août, sa boussole était encore à Moka[3]. Par conséquent, il passe en réalité deux mois et demi dans le port arabe avant d’être convaincu de fréter pour Ambabo, le village formé de cinq ou six chaumières qui se trouve à 2 lieues (ca 8 km) à l’ouest de Tadjourah et qui ne relève pas de l’autorité de son Sultan.
Des mêmes données, on en déduit qu’il parvient à louer, charger et monter quarante-deux chameaux avant le 15 septembre : un exploit. La date est également tragique pour Hugues Fontaine car, à cette date, la seule bête de somme à se casser une jambe est celle qui portait le daguerréotype de Rochet.
Contrairement au capitaine Harris, Rochet n’est pas importuné sur le trajet qui le mène au Choa. Il est vrai qu’il ne dort pas la nuit, qu’il est armé d’un fusil à quatre coups et coiffé d’un sombrero de feutre gris que ses hôtes croient faire office également de bouclier. De plus, Rochet n’est pas avare et sait répondre à leurs convoitises avec un taube sorti de la manufacture de MM. Méquillet-Noblot d’Héricourt.
À Fārrē, les quarante-deux chameaux sont troqués contre pas moins de neuf cents porteurs. Rochet les laisse cheminer à leur rythme et s’empresse de remédier à l’impatience de Sahlä Səlasse, le 7 novembre à Angolala.
S’ensuivent la remise des nombreux cadeaux qui ravissent le souverain et son épouse et la rencontre avec Harris et son ambassade.
Rochet relate ses exploits cynégétiques composés principalement d’hippopotames et se disculpe de sa participation aux conquêtes de Sahlä Səlasse en pays oromo.
À propos de l’ambassade britannique, Rochet n’est pas très loquace et rapporte l’anecdote révélatrice « que l’expédition anglaise éprouvait une grande difficulté pour sortir du Choa ; elle était à court d’argent ». Cet état de fait expliquerait en partie l’avarice de Harris envers Charles Tilstone Beke. Saint-Martin dans l’âme, Rochet prête 1400 thalaris au capitaine. Avant de partir, l’ambassadeur prend la peine de célébrer par un grand dîner l’anniversaire de naissance de la reine Victoria[4]. L’événement a donc eu lieu le 24 mai 1843, une date trop tardive, sachant que les britanniques sont déjà à Tadjourah le 15 mars[5].
Peu de temps après, les Français Lefebvre et Petit[6] profitent de la présence de Rochet pour se présenter à Sahlä Səlasse. Rochet reçoit également une lettre d’Antoine Abbadie apportée par un Allemand, le « chasseur naturaliste » de Rüppell. Après le départ de Lefebvre et Petit pour Gondar, probablement fort satisfait du « traité politique et commercial » que le Souverain a accordé à la France, Rochet songe au retour.
Il faut à nouveau recourir à ses observations pour dater son retour par Ambabo. Le départ de Lefebvre et Petit a lieu fin avril ou tout début mai. En juin, il a fait ses adieux au Negus et se trouve à Fārrē. Le 21 juillet, il n’est qu’à Kilalou, approximativement la moitié de l’itinéraire. Il reprend ses observations à Ambabo le 8 août. À Tadjourah, il ne parvient pas à noliser pour Moka. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Rochet sort son sextant de Gambey le 10 novembre 1843 à Tadjourah[7]. Il choisit de se rendre à Zeyla, puis à Aden pour se faire rembourser par Haines, de passer par Berbera et Moka pour finalement remonter la mer Rouge. À ce rythme, on comprend mieux que les rapporteurs du second voyage de Rochet parlent d’un retour en France à la fin de 1845[8].
Biblethiophile, 28.10.2025
[1] ROCHET D’HERICOURT (Charles-Francois-Xavier), Second voyage sur les deux rives de la Mer Rouge dans le Pays des Adels et le Royaume de Choa, p. 39.
[2] Ibid., p. 303.
[3] Ibid., p. 397.
[4] Wikipedia, « Victoria (reine) », consultée le 28.10.2025.
[5] Voir The Highlands of Aethiopia.
[6] ROCHET D’HERICOURT, second voyage […], op. cit., p. 163. Il s’agit du lieutenant de vaisseau et explorateur Charles Théophile Lefebvre et du naturaliste A. Petit. Étrangement, Rochet reproduit une signature de lettre de Lefebvre avec les initiales « C.F. ».
[7] Ibid., p. 315, au milieu du premier tableau.
[8] Ibid., p. XIV.