Pierre Arnoux


L’article de Lucien Louis-Lande publié dans la Revue des deux mondes[1] s’appuie sur le journal manuscrit que le voyageur français Pierre Arnoux a tenu. On y apprend qu’il débarque à Massaouah le 23 novembre 1872 avec 200’000 francs de marchandises et qu’il y reste quatre mois pour fonder un comptoir. Il écrit à Ménélik en lui proposant d’ouvrir une route commerciale entre Obock et le Choa.
Arnoux part pour Marseille avant d’avoir reçu la réponse. Son projet n’a pas l’accueil escompté et il décide de tenter l’entreprise sur ses deniers.
Il se rend à Obock accompagné de trois Français : Jaubert, Dissard et Béranger. Un quatrième, Péquinot, se joint à l’expédition plus tard. Le 28 février 1874, ils débarquent à Zeilah. Ménélik écrit à Abou-Bakr en lui demandant d’apporter son aide à l’expédition. C’est le Suisse Munzinger-Pacha, gouverneur de Massaouah, qui enjoint Abou-Bakr à retenir les Français pendant sept mois à Ambobo. Sous les menaces de Ménélik, la caravane est libérée sans pour autant être à l’abri d’une attaque nocturne qui coûte la vie à Béranger et Dissard. Elle atteint Karra Tadé puis Litché où Arnoux rencontre Ménélik. Il ne reste pas inactif dans le pays, rencontre entre autres, Mgr Taurin, les missionnaires protestants Mayer – depuis quinze ans en Abyssinie –, Grainer et Jacob.
Pendant ce temps, les Égyptiens prennent le contrôle de Zeilah et de Harar. Munzinger-Pacha est à Tadjourah avec une armée mais perd la vie dans l’intérieur des terres.
En janvier 1876, Ménélik apprend la victoire de son Empereur, Yohannes IV, sur les troupes égyptiennes. En juin, arrive au Choa une caravane composée du Français Pottier et d’un jeune Éthiopien élevé par les missionnaires, Guébra Mariam. Le père Damascène est mort en route de fatigue et d’épuisement.
Arnoux est informé de la situation qui prévaut à la côte, des dispositions d’Abou Bakr à son égard et de la présence de l’expédition italienne du marquis Orazio Antinori, accompagné du capitaine Sebastiano Martini et de l’ingénieur Chiarini.
Finalement, le 4 juillet 1876, Arnoux quitte le Choa pour se rendre en France, investit d’une mission confiée par le ras du Choa. Il a obtenu de ce dernier le titre de propriété d’un territoire de 100’000 hectares, la cession gratuite d’une mine de charbon et un mandat l’autorisant à traiter en son nom. En rejoignant la côte, il rencontre les Italiens qui ont été spoliés pas Abou-Bakr. Il est décidé que le capitaine Martini rebrousse chemin avec Arnoux et se rende en Italie chercher des moyens plus importants, tandis que le marquis poursuivra sa route vers le Choa.
Le 23 août, le capitaine Martini et le révérend Jacob qui a profité de la caravane, embarquent pour Aden. Abou-Bakr revient d’Egypte, nommé pacha. Arnoux ne parvient pas à sauver ses marchandises et se réfugie à Aden puis au Caire. On l’accuse de faux, à tel point qu’Antoine d’Abbadie doit certifier l’authenticité du sceau et des lettres royales. Au Caire, le capitaine Martini, de retour d’Italie, accepte de témoigner mais refuse de signer sa déposition.
Arrivé en France, Arnoux trouve des appuis pour convaincre le gouvernement de prendre possession de la baie d’Obock. Conformément à la chronologie du récit de Louis-Lande, Arnoux est bien en France en 1877.
Les informations concernant le troisième et dernier voyage d’Arnoux sont publiés dans le bulletin de la Société de géographie de Marseille[2]. Il contient également l’entreprise de Paul Soleillet. Même si les détails manquent, la chronologie peut se résumer:
1881 | Une compagnie est créée pour fonder un établissement maritime à Obock. Le nom n’est pas précisé. On en déduit que Soleillet y est impliqué. | |
en juin | Arnoux part pour Obock avec sa fille et une dizaine de compatriotes, actionnaires de la Compagnie franco-éthiopienne. | |
28 novembre | Le navire Obock chargé de 200’000 francs de marchandises, de huit maisons en kit, de quatre canons, d’armes, d’instruments scientifiques et d’appareils photographiques et la goëlette La Mascotte quittent le Havre. Dix-sept hommes d’équipage se sont engagés pour deux ans. | |
17 décembre | Soleillet s’embarque pour aller à Obock jeter les bases de ce nouvel établissement. Il est accompagné de MM. Cloué, Rigod, Grant et son fidèle compagnon Bou-Dakar. | |
1882 | fin 1881 ou début 1882 | Un Danakil est tué par un des membres de l’expédition franco-ethiopienne d’Arnoux. La paix est achetée au prix de 2000 frs. Ruinés, les actionnaires se replient sur Aden, laissant Lafont, Arnoux et sa fille sur la côte africaine. |
Sans précision, on apprend qu’un service régulier de bateaux à vapeur touche à Obock. Ils appartiennent à la Société fondée par M. de Rivoyre qui relie le golfe Persique à la France. | ||
10 janvier | Le navire Obock mouille aux îles Sebah. | |
3 mars | Soleillet est présent à Obock. Deux de ses hommes, MM. Mazet et Louis Grand, n’ont pas le temps de s’interposer dans une altercation et ne peuvent que constater l’assassinat de Pierre Arnoux. Lafont et la fille d’Arnoux sont rapatriés. |
Pierre Arnoux n’a pas son article dans Encyclopaedia Aethiopica, Henze[3] ignore son existence, Fumaggali se contente de mentionner l’article qui annonce la mort de l’entrepreneur français, Numa Broc lui consacre un article sans photo.
Biblethiophile, 05.05.2020, reformate le 27.07.2025.
[1] Un voyageur français dans l’Éthiopie méridionale, Partie I (1878), Partie II (1879).
[2] ARMAND (Paul), Le désastre de l’expédition franco-éthiopienne.
[3] Henze, Enzyklopädie der Entdecker und Erforscher der Erde, 1978.